Installé sur mon siège, tout à l’avant et à la vue de tous, je vous avoue que j’ai de la peine à dissimuler mon angoisse. Comme le public déjà installé, j’attends l’entrée des magistrats. Depuis un moment, je décèle quelques regards curieux dans ma direction dont un, plus complice, venant du coin des journalistes. C’est que je me suis laissé embarquer dans une affaire: je me demande si je vais pouvoir être à la hauteur.
Mes papiers: est-ce que j’ai pris les bons? Ouf. Et le crayon 4B? Et les pinceaux petit-gris? Et le jaune de Naples? Je n’ai pas, non plus, oublié le petit flacon d’eau pour l’aquarelle. Les photographes n’étant pas autorisés à opérer dans le prétoire, c’est à moi – mandaté par un journal – qu’échoit la périlleuse tâche d’illustrer le procès. Et c’est ma toute première…