A Vevey, l’arène monumentale de 1100 tonnes de la prochaine Fête des vignerons sort – avec frénésie – du bitume et des eaux du lac Léman. Après plusieurs mois de silence (lire la dernière chronique, le 15 juin 2018), les choses se sont accélérées pour les 5000 figurants entre les répétitions et l’essayage de leur costume*.
Dimanche, c’était à mon tour d’entrer pleinement dans l’aventure. En effet, je me suis rendu – accompagné de mon frère aîné – à la première répétition de notre groupe, l’un des plus grands du spectacle: la Saint-Martin. Ce sera désormais notre ri- tuel à raison d’une fois par semaine, le jeudi soir ou le dimanche après-midi, jusqu’au 18 juillet. La tente de La Veyre à St-Légier sera, jusqu’en mai et notre première répétition dans l’arène de 20 000 places, notre seconde maison. Au sol, la scène de 150 mètres de long et ses escaliers est représentée par de longues bandes jaunes, tandis que les quatre points cardinaux sont marqués par de grands panneaux blancs. Toutes les générations sont réunies. A 14 h 15 (quart d’heure vaudois oblige), nous commençons. Chacun se munit d’écouteurs sans lesquels nous ne pouvons pas avoir les consignes du metteur en scène, Daniele Finzi Pasca, et entendre la musique. Il nous demande de marcher lentement, rapidement, au ralenti, ainsi que de saluer et de danser avec des personnes que nous ne connaissons que depuis quelques secondes. Après quinze minutes, les vestes et les pulls sont rapidement enlevés.
Nous continuons de nous déplacer, de simuler un marché: nous faisons semblant de vendre et d’acheter des choses. Le Tessinois Daniele Finzi Pasca répète «Piano, piano» (lentement, en italien, n.d.l.r.). Avec nos écouteurs sur les oreilles, nous devons parler fort pour nous comprendre. Des rires éclatent. Les gens se détendent. Nous reconnaissons des visages, nous nous saluons. Nous savons que nous allons partager pendant plusieurs mois une aventure inédite. Hier soir, nous avons eu notre seconde répétition, déjà. Jamais par le passé je n’avais senti une telle énergie. L’impression, et ce n’est pas exagéré, d’être porté par 400 autres personnes. Et dimanche, nous essaierons pour la première fois notre costume. Ce moment attendu depuis des mois permettra de mieux prendre conscience de ce que nous sommes en train de vivre. Restez à l’écoute.
VALENTIN JORDIL
* Je relate ici, ponctuellement, les coulisses de la Fête des vignerons 2019
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