Plongée dans le monde de l’influence

jeu, 10. juin. 2021
Lidia Seydoux, dans son domicile de Remaufens.C’est là qu’elle tourne la majorité de ses vidéos publiées sur le réseau social en vogue du moment: TikTok. LE MESSAGER

RÉSEAUX SOCIAUX REMAUFENS

Un nouveau métier a émergé des réseaux sociaux: influenceur. Cette activité particulière constitue un vecteur de publicité très efficace pour les annonceurs. La Remaufensoise Lidia Seydoux, 33 ans, s’est lancée dans cet univers l’an dernier et cartonne sur TikTok et Instagram.

Le métier d’influenceur n’existait pas il y a quelques années encore et aujourd’hui, il s’érige en pilier indispensable de la publicité et du quotidien des réseaux sociaux. Le monde bien particulier de l’influence consiste à proposer du contenu ludique ou des conseils à sa «communauté» d’abonnés. Plus ces derniers sont nombreux à suivre les faits et gestes de l’influenceur, plus le potentiel publicitaire devient important. En France, ils seraient près de 150 000 à s’essayer à l’activité. En Suisse, quelques milliers, dont la Remaufensoise Lidia Seydoux, 33 ans. Elle compte près de 30 000 abonnés sur Instagram et plus de 100 000 sur TikTok.

L’annonceur cherche de la visibilité et cible son public. Sur le réseau social Instagram, publier une photo peut valoir cher. Le footballeur Cristiano Ronaldo, par exemple, compte près de 300 millions d’abonnés, une visibilité qu’aucun média ne pourrait espérer atteindre. Un post sponsorisé de la vedette portugaise coû- terait à l’annonceur environ 900 000 francs.

Mais si Cristiano Ronaldo a acquis cette notoriété par son métier de footballeur, l’occupation des nouvelles stars de l’influence consiste «uniquement» à devenir connu. Créer du contenu, le poster sur des plates-formes pour séduire des potentiels abonnés et former une communauté.

Photos de grossesse

Sa vocation d’influenceuse n’en était pas une, pour Lidia Seydoux, avant le semi-confinement de l’an dernier. La jeune femme publiait uniquement, de temps à autre, une photo de famille sur son compte Instagram. Avant de profiter du temps à disposition pour partager quelques clichés de grossesse, alors enceinte de son 3e fils. Petit à petit, l’intérêt grandit et elle s’investit plus largement, commence à se filmer, à raconter son quotidien: une préparation de repas, un rendez-vous chez le gynécologue… «Les gens se sont montrés curieux et voulaient toujours en savoir plus.» Surtout, elle prend ça comme une thérapie, un moyen de prendre confiance en elle. «Parler devant des gens n’est pas naturel pour moi. Certains épisodes difficiles de ma vie m’ont fait perdre toute foi en la bienveillance du monde extérieur. Les retours positifs que j’obtiens sur les réseaux me font beaucoup de bien.»

Lidia Seydoux est passionnée de mode et de cosmétique. Ancienne gérante de la boutique Anouk, à Bulle, elle s’occupe désormais de la partie administrative de la société de placement qu’elle a créée avec son mari Arnaud Seydoux. «Mon activité sur les réseaux, je la vois comme une passion. C’est un peu ma réussite personnelle, mon entreprise que je gère moi-même.» Régulièrement, elle publie des photos d’elle, version mannequinat. Elle compte 28 000 abonnés sur Instagram. Un chiffre remarquable. Parmi les suiveurs, les statistiques recensent 72% de femmes, principalement âgées de 20 à 40 ans. «J’ai clairement un compte de jeune maman. Beaucoup s’identifient à moi.»

Grâce à TikTok

Si Lidia Seydoux a atteint cette notoriété sur le réseau principal de partage de photos, elle le doit à un buzz, réalisé sur une autre plate-forme, de vidéos cette fois-ci: TikTok. Une courte séquence où la Veveysanne s’affiche aux côtés de son aîné, 13 ans, a été visionnée plus de deux millions de fois. «Il est très grand et moi, je fais jeune. Les gens n’arrivaient pas à croire qu’il s’agissait de mon fils.» Un succès qui se répercute dans le nombre d’abonnés. Plus de 100 000 sur le réseau chinois, et une augmentation de 10 000 en un jour sur Instagram.

Dès lors, les portes du marketing de l’influence se sont ouvertes. Un secteur qui pesait 20 milliards de francs en 2020 dans le monde. Pour les marques, les influenceurs constituent un levier de communication essentiel: la campagne de publicité coûte six à dix fois moins cher qu’à «l’ancienne» et rapporte environ cinq fois l’investissement. Lidia Seydoux reçoit quotidiennement des propositions de collaboration. La rémunération peut être d’ordre financier (100 francs pour une story, 300 pour un post) ou sous forme de cadeaux. «Certaines marques m’envoient chaque semaine leurs nouveautés, je trouve ça génial et très valorisant. Je fais attention à collaborer avec des entités qui me correspondent.» Les revenus récoltés, entre 500 et 1000 francs mensuels, offrent à la famille Seydoux une petite sécurité pour arrondir les fins de mois.

Pas de prise de tête

Pour la jeune maman, il est primordial de ne pas se prendre la tête avec ce monde de l’influence, souvent qualifié de factice. «J’essaie de rester naturelle, de montrer mon vrai visage. C’est ce qui plaît, les gens n’ont pas d’intérêt pour le bling-bling. Je suis quelqu’un de très simple, je m’habille comme la plupart des femmes de mon âge. Rien n’est sur-joué. Certains jours, je suis fatiguée et je le montre aussi.» Lidia Seydoux retrouve également, à travers son écran, des interactions bienvenues. «Quelque part, mes abonnés sont mes amis virtuels. Je ne vois pas beaucoup de monde, surtout avec le Covid-19. Les discussions avec ces gens me font du bien.»

Prise pour exemple par beaucoup, la Remaufensoise se nourrit des nombreux commentaires positifs et admiratifs qu’elle reçoit et laisse de côté les inévitables critiques. «Je me sens valorisée, je prends confiance en moi. Instagram et Tiktok me permettent de montrer que j’existe et que j’ai le droit d’exister.»
Jonas Ruffieux


«Je suis davantage moi-même derrière mon écran»

Pour percer dans le monde de l’influence, il faut créer un lien de confiance avec les gens, abonnés sur les réseaux sociaux. Il s’agit de se montrer proche de son public, accessible, identifiable. Lidia Seydoux, influenceuse domiciliée à Remaufens, communique beaucoup avec ses followers. «Je reçois de nombreux messages: “tu es un exemple pour moi”, “je t’adore”, etc. Ça me fait beaucoup de bien et me donne l’envie de continuer à m’investir.» Car l’investissement s’avère important. Quotidiennement ou presque, l’influenceur doit proposer du contenu à ses suiveurs. «Je ne vais pas prendre la parole si je n’ai rien à dire, exprime la Veveysanne de 33 ans. Mais j’essaie de me montrer la plus créative possible concernant les petites vidéos.» Sur ces dernières, on retrouve souvent ses trois fils ou son mari Arnaud, par ailleurs photographe attitré de la jeune maman. La vraie vie, le vrai visage. «Je pense que je suis davantage moi-même derrière mon écran qu’en vrai. J’ose me lâcher. Tant que ça me fait du bien et que j’apporte du positif aux gens, je continuerai.»

Quelques insultes inévitables dans le milieu

Après un peu plus d’un an dans le milieu, Lidia Seydoux a beaucoup appris. Elle a dû faire face, aussi, à quelques insultes, inévitables sur les réseaux sociaux. «Je suis d’origine marocainealgérienne et beaucoup de radicalisés musulmans m’insultent car je suis mariée à un Européen ou parce que j’ai eu mon premier fils hors mariage. C’est dur à encaisser, j’essaie de m’en protéger en évitant de lire les commentaires.» Le plus fou là-dedans? Les mauvais commentaires suscitent des interactions et donnent plus d’attractivité, et donc de visibilité, à la publication. JR

 


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