L’art de manier le fouet

jeu, 05. déc. 2019
Pour Sylvia Rosat, il ne s’agit pas seulement de tresser la meilleure corde, mais aussi de savoir la faire danser, chanter et claquer. DR

Les images du cow-boy jouant du lasso risquent de prendre un sacré coup de vieux à la découverte du whipcracking ou, en français, du «fouet artistique». Sylvia Rosat, de Châtel-St-Denis, pratique cette activité encore méconnue en Suisse. Elle la présentera au Cirque de Noël de Moudon, à partir du 22 décembre. Explications.

Voir jouer du lasso n’est pas habituel en nos contrées, hormis, éventuellement, au cirque. Sylvia Rosat, de Châtel-St-Denis, pourrait faire démentir ce constat. Depuis quelques années, elle est en piste, se produisant à l’étranger, avec des fouets tressés par elle-même. Passée maîtresse dans l’art de les manier, elle les fait danser et claquer au rythme de leur propre son ou sur un fond musical, en une chorégraphie rapide et inhabituelle.

La Châteloise met prochainement la Suisse à son programme avec l’intention de faire connaître cette activité. Elle se produira à partir du 22 décembre, au Cirque de Noël de Moudon et enchaînera plusieurs spectacles à partir du mois de mai 2020.

Art inédit

Le whipcracking – ou fouet artistique – consiste à produire un claquement à travers l’art et la manière d’utiliser l’objet. «A l’origine, la pratique, très ancienne – relevée sur les hiéroglyphes égyptiens de plus de 5000 ans – consistait en la conduite du bétail, non pour frapper celui-ci, mais pour le diriger, sans en abîmer la viande», détaille Sylvia Rosat. Le fameux rodéo, mieux connu, a ensuite fait place à une sorte d’exploit sportif. Des productions cinématographiques, tel le film Indiana Jones, ont pu aussi susciter davantage d’engouement, avant que l’activité ne devienne plus complètement artistique.

Le whipcracking est méconnu dans notre pays. «Il existe bien des fouets en Suisse alémanique, mais pour chasser les esprits», indique Sylvia Rosat. L’activité, en revanche, est bien installée aux Etats-Unis, en Angleterre et en particulier en Australie, où sont organisés des championnats avec des règles très strictes. Deux disciplines s’imposent actuellement: la routine rythmique, avec un ou deux fouets, et le targeting, qui consiste à toucher des cibles avec un lasso, en vue de les découper.

Dans le premier cas, le claquage du fouet se fait entendre à chaque coup, éventuellement accompagné de musique. Pour la deuxième discipline, ce sont, par exemple, des bougies, positionnées à différentes hauteurs, qui doivent être éteintes le plus vite possible. Dans les deux cas, il s’agit de spectacle. Sylvia Rosat privilégie, elle, la routine rythmique. Elle réalise des chorégraphies avec des mouvements du fouet et du corps, tantôt à droite, tantôt à gauche, soit au seul son du claquement du fouet, soit avec un fond sonore.

Tisser son parcours

Elle se remémore le souvenir de ses débuts. «J’ai commencé avec un très mauvais fouet, offert par ma maman… Le manche tournait!» Cette déconvenue amplifie sa motivation. Elle se renseigne, croise un Allemand qui dispose de meilleurs modèles, apprend dans un livre et se décide à confectionner elle-même son instrument. «Le fouet, traditionnellement en cuir, craint l’eau et doit être graissé, sinon il casse. Je tresse à partir de paracorde, un matériau en nylon, très solide, utilisé pour les parachutes, en huit, douze ou seize brins. J’en fabrique douze à seize pour la fluidité», explique-t-elle.

Sylvia Rosat a passé son enfance à Châtel-St-Denis. Ancienne élève du CO de la Veveyse, sa destinée semblait toute tracée: «A la fin de ma scolarité obligatoire, je m’orientais vers un apprentissage de secrétaire. Ma maman m’a dit de me donner une année, pour expérimenter. Grâce à elle, j’ai pris une autre direction. Lors d’un stage au Cirque Helvetia, en 2002, j’ai découvert les arts du cirque.» En 2004, elle assiste à la performance au fouet, au Cirque de Noël, à Zurich. «Dès ce moment-là, j’ai su ce que je voulais faire», ajoute-t-elle, l’enthousiasme intact.

Au Guinness record

La trentenaire enseigne également sa discipline à des particuliers et à des professionnels, tels des cascadeurs. Elle a également traduit le livre de Robert Dante Le guide pratique sur la maîtrise du Bullwhip (effet coup de fouet, n.d.l.r.). Elle organise différentes tournées. Au mois d’août dernier, à Newark, en Angleterre, à la convention européenne de jonglage, elle rentre dans le Guiness Book des records, pour avoir jonglé avec trois fouets à la fois, en les faisant claquer. Après un détour à Athènes, elle vient de passer par Paris, où elle a présenté un spectacle pour enfants.

Désireuse de faire connaître sa discipline, elle confirme que celle-ci se situe «à la jonction entre le sport, pour la partie compétition, et la performance artistique». Elle précise enfin qu’elle est l’une des premières femmes en Europe à la pratiquer et à l’avoir domptée.


Michel Machicoane Stocker

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